Une autre histoire de la Renaissance by Le Fur Didier

Une autre histoire de la Renaissance by Le Fur Didier

Auteur:Le Fur, Didier [Le Fur, Didier]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8
Publié: 2018-02-14T23:00:00+00:00


La croisade toujours envisagée

L’historien sait qu’après 1270 et la mort de Saint Louis à Tunis, plus aucune croisade n’aboutit, et qu’à la suite de la chute d’Acre, en 1291, les Latins quittèrent le Proche-Orient sans pouvoir y revenir avant longtemps. Mais les hommes de l’époque l’ignoraient et leur espoir de réparer ces échecs fut aussi réel que constant. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que l’idée de croisade soit demeurée fortement ancrée dans l’imaginaire collectif et que régulièrement des initiatives aient vu le jour, plus encore lorsque les ambitions expansionnistes des sultans ottomans prirent des proportions susceptibles de mettre en danger les terres chrétiennes, à la fin du xive siècle. Ainsi celle du roi de Hongrie, Sigismond de Luxembourg, en 1396, ou celle du roi Ladislas de Pologne, en 1444. Certes, ces deux croisades furent des fiascos militaires. La première se fracassa à Nicopolis, l’autre à Varna. Des défaites qui ne démontraient pas seulement la mauvaise préparation des entreprises, en raison des divisions entre les États, souvent plus préoccupés par leurs intérêts personnels que par la libération des Lieux saints, mais qui prouvaient surtout la puissance des adversaires, rassemblés maintenant autour d’un seul et dont l’action n’était plus défensive mais offensive. La prise de Constantinople, en mai 1453, par l’armée du sultan Mehmed II, en fut une démonstration éclatante.

Tout comme celle de Jérusalem quatre siècles plus tôt, la conquête de Constantinople fut pour les chrétiens un immense traumatisme. La barrière byzantine entre les deux mondes avait volé en éclats et des musulmans vivaient depuis dans l’est de l’Europe. Parce qu’elle fut regardée comme l’instauration d’une tyrannie dans la seconde Rome et que les abominations commises lors du sac de la ville en auraient été le signe manifeste, nombreux, en réponse, envisagèrent une riposte armée. Plusieurs projets de croisade furent ainsi esquissés. Le pape Nicolas V, quelques jours après avoir appris la catastrophe, fulminait une bulle exhortant les fidèles à la croisade. Calixte III, son successeur, dès le début de son pontificat, en 1455, et malgré son grand âge, jura de tout faire, même de verser son propre sang, afin de recouvrer Constantinople, libérer les chrétiens prisonniers des infidèles et exalter la foi catholique « jusqu’à l’élimination de la diabolique secte mahométane ». Il en appela à l’empereur et fixa le départ de l’entreprise au printemps suivant. Le roi de France, Charles VII, n’en fut pas, même si quelques voix s’étaient aventurées à lui demander d’en prendre le commandement avant 1453. Le roi, à la tête d’un royaume épuisé, en était encore à se défaire de la guerre contre l’Angleterre. Comme la plupart des autres princes, il s’était borné à soutenir son financement. Mais d’autres, encouragés par la papauté, y virent, sans doute très sincèrement, l’occasion de prouver leur bravoure comme de défendre ce qu’ils croyaient être essentiel : leur foi. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, fut de ceux-là. Ce n’était pas la première fois qu’un prince de cette maison issue du sang de France cherchait à s’illustrer dans ce type d’aventure.



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